dimanche 3 avril 2011

Comment réinventer une démocratie et une vie politique qui inspirent confiance et fierté?

La démocratie est apparue dans la Grèce Antique vers le 6e siècle avant Jésus-Christ. L'étymologie du mot démocratie se composant des mots démos (peuple), et cratos (pouvoir) nous révèle qu'elle était fondée sur la participation directe du citoyen à la prise de décision dans sa cité. Aujourd'hui, notre société semble désillusionnée de ce système qui a autrefois fait la renommée d'Athènes. Les gens blâment souvent les politiciens pour leur manque de charisme, leur langue de bois et leur immobilisme envers plusieurs enjeux. Dans ce texte, j'exprimerai mon point de vue sur cette situation en répondant à la question suivante : comment réinventer une démocratie et une vie politique qui inspirent confiance et fierté? Selon moi, les politiciens ne sont pas la source première de ce cynisme : ils sont le reflet d'une société désintéressée et dépolitisée, et offrent en conséquence des messages qui se veulent simplement rassurants et vides de contenu. Vous, qui préférez-vous entre une personne qui prend des décisions au risque de vous déplaire et une personne qui ne peut vous déplaire parce qu'elle ne fait rien? Il est temps que notre population retrouve les moyens pour participer activement à la vie politique et à la recherche de solutions aux enjeux qui la concernent. Si la population peut enfin confronter ses dirigeants, ceux-ci devront rehausser la qualité de leurs discours et de leurs actions en conséquence. Pour y arriver, je crois qu'il faut éduquer la population à la politique, lui donner une source d'information neutre et critique, réduire la corruption pour gagner sa confiance et surtout, lui donner des outils pour se faire entendre. Voici mes propositions pour arriver à ce but et du même souffle répondre à la question posée plus haut.

Un certain cynisme afflige peut-être une partie la population envers la politique, mais une autre partie ne s'y intéresse tout simplement plus, surtout en ce qui concerne les jeunes. Pour régler ce problème, il faut miser sur l'éducation. « Aucune éducation ne transforme un être : elle l'éveille » écrivait l'homme politique et écrivain français Maurice Barrès au début du 20e siècle. L'éducation est la plus grande force dont une société peut se doter parce qu'elle permet à sa population non seulement d'être plus savante, mais de prendre conscience de sa responsabilité envers la collectivité. En effet, pour moi, la politique n'est pas uniquement un champ d'intérêt ou un domaine d'études, mais une responsabilité dont chacun doit s'acquitter. Vous arrive-t-il parfois de critiquer un gouvernement, alors que vous ne vous êtes même pas prévalu de votre droit de vote? À mon avis, offrir une meilleure éducation à la jeune génération, c'est la rendre plus curieuse, ambitieuse et travaillante, ce qui aura pour conséquence de lui donner envie d'une société à son image, avec des dirigeants compétents. Cela nécessite une participation et un intérêt généralisés à la politique. Aussi, de façon plus pragmatique, investir en éducation, nous révèle l'étude Regards sur l'éducation 2009 de l'OCDE, permet d'accroître les revenus et d'avoir une population en meilleure santé, qui fait plus confiance aux autres et qui s'intéresse plus à la politique. Donc, dans cette optique, j'appuie les penseurs et politiciens qui croient que l'éducation devrait se situer en tête de liste des dépenses gouvernementales. De plus, je crois qu'il faut offrir un cours précisément dans le but de stimuler cet éveil et cette conscientisation à la politique. À partir du cours Histoire et éducation à la citoyenneté, déjà offert dans nos écoles secondaires, je créerais deux cours séparés, un cours d'histoire et un autre d'éducation à la citoyenneté. Les différents aspects abordés dans ce dernier seraient : l'initiation à la politique (étudier les différents partis politiques et leur philosophie), l'actualité (comment adopter un regard critique envers l'information), et la vie citoyenne (comprendre l'importance du vote et découvrir les moyens de contribuer activement à l'avancement de la société). J'offrirais ce cours sur toute l'étendue des études de niveau secondaire. Il remplacerait l'âge de la majorité comme préalable au droit de vote. Pour clore ce cours, j'organiserais un scrutin et des sondages sur différents enjeux sociétaux en cinquième secondaire dans toutes les écoles du Québec. Il pourrait s'agir de scrutins officiels les années de campagnes électorales et de simulations les autres années. Cette pratique aurait pour but de motiver les jeunes à voter ainsi que toute la cellule familiale les entourant, ce qui aurait pour conséquence d'augmenter la participation aux votes de façon substantielle. Par contre, les années où il y aurait simulation, les résultats serviraient à tâter le pouls et connaître l'opinion des jeunes. Grâce à cette pratique et à ce cours, je crois que les jeunes seraient beaucoup plus intéressés à la politique. Ils pourraient mettre leurs apprentissages en pratique rapidement et ils sentiraient qu'ils sont écoutés par le gouvernement. Voilà comment intéresser la jeune génération à la politique et bâtir une démocratie et une vie politique active sur des bases solides. Maintenant, même avec une éducation politique et un regard critique, les médias et l'information sont souvent biaisés et compliquent grandement le choix lorsque vient le temps de voter. Ma deuxième proposition concerne donc des changements au niveau des médias.

Selon moi, les médias sont la deuxième plus importante cause de ce désintéressement de masse de la population envers la politique. Je mentionnais plus haut que les politiciens sont de moins en moins charismatiques. Ce phénomène s'explique par la prudence extrême qui caractérise toutes leurs décisions ou leurs apparitions publiques. En effet, les médias ont transformé le monde politique en un monde où l'apparence est maître et où chaque décision rendue publique est vertement critiquée. Ne vous êtes-vous pas vous-même surpris à critiquer une décision dont vous ne connaissiez même pas les tenants et aboutissants réels autres que ceux rapportés par un média souvent biaisé? Maintenant, il faut prendre les moyens de se doter de médias complètement neutres pour réduire le sensationnalisme qui caractérise l'approche des médias envers la politique aujourd'hui. Pour ce faire, je proposerais de que les sociétés Radio-Canada et CBC soient complètement financées par le public et exemptes de financements gouvernementaux ou privés qui sont toujours teintés d'intérêts. Pour ce faire, nous pouvons suivre le modèle de financement de la BBC, la plus grande chaîne de nouvelles au monde, propriété de l'État, mais dissociée du gouvernement, et qui se finance principalement à l'aide d'une licence imposée aux propriétaires de télévisions, renouvelable annuellement. Cette manoeuvre ne pourrait garantir une neutralité parfaite, qui est un concept utopique, mais elle offrirait toute la marge de manoeuvre nécessaire afin de travailler vers cet idéal. Aussi, il est absurde de croire que tous les journalistes sont de bons journalistes. Je crois qu'il serait novateur et extrêmement utile de se doter d'un média critique des médias. On pourrait rajouter aux cahiers de charges de Radio-Canada de critiquer le travail des médias, les siens y compris, pour remettre en perspective les informations que les divers médias livrent tous les jours. Il y aurait sûrement une grande protestation dans le milieu des médias, mais cette institution pourrait toujours se protéger sous le couvert de sa nouvelle neutralité et sa mission critique. Aussi, si cette institution pouvait amener les gens à douter des médias, à ne plus croire qu'ils sont nécessairement les modèles à suivre et qu'il faut calquer nos opinions aux leurs, je serais des plus satisfaits. Un monde où les gens prennent les faits en laissant de côté l'opinion de celui qui les livre pour se forger sa propre opinion est l'objectif ultime à atteindre. L'intérêt pour la politique serait grandement augmenté grâce à une population plus éduquée à la politique et des médias neutres. Cependant, à quoi serviraient tous ces efforts si la politique reste synonyme de corruption?

Le monde politique est plus que jamais associé à la magouille, la corruption et le crime. Le métier de politicien est passé d'un métier respecté au sujet favori des caricaturistes et des émissions humoristiques. Sans changements de cette mentalité par l'éradication de la corruption, promouvoir le monde politique devient une tâche difficile. Comment empêcher nos politiciens de se faire acheter ? C'est en me basant sur cette question et en m'inspirant d'une initiative anticorruption de la ville de Singapour que je vous propose des pistes de solution pour diminuer la corruption. Je crois qu'il faut offrir de meilleures conditions de travail ainsi que de meilleurs salaires à nos politiciens. En effet, peu importe notre opinion sur le salaire qu'il mérite, il restera toujours vrai qu'un employé bien payé, avec de bonnes conditions de travail, sera moins tenté de perdre ses avantages pour un peu plus d'argent. Ainsi, je crois qu'il vaut la peine de payer nos politiciens plus cher si cela peut nous assurer de leur intégrité. En échange, il faudrait resserrer la surveillance autant que possible, mais surtout imposer des peines très sévères aux travailleurs de l'État trouvés coupables de fraude. Donc, en donnant de meilleures conditions de travail à nos politiciens et en imposant des peines exemplaires à ceux qui accepteraient les pots-de-vin ou les fraudeurs, il est possible d'éradiquer la corruption. Maintenant, après avoir redonné goût à nos jeunes pour la politique, retrouver une source d'information neutre et redonner une crédibilité à nos politiciens, il faudrait s'appliquer à donner des outils à la population afin qu'elle puisse elle aussi agir de façon directe dans la vie politique.

Les politiciens actuels sont souvent pris dans le carcan de la ligne de leur parti respectif. En effet, a-t-on déjà entendu un membre du parti libéral approuver une décision du parti québécois ou l'inverse? Comment un député qui suit à la lettre tous les principes de son parti peut-il représenter adéquatement une population dont les idées sont en constants changements et évolution? Il faudrait que la population puisse avoir des représentants neutres et libérés des contraintes de partis, pour contribuer à la discussion politique et amener de nouvelles idées dans de vieux débats qui n'en finissent plus. Pour ce faire, je propose de transformer une institution fédérale à l'utilité discutable, le Sénat. Croyez-vous vraiment à l'utilité d'une institution où les sénateurs sont nommés, donc complètement partiaux, pour réviser les lois du gouvernement au pouvoir? Non, moi je crois qu'une refonte de cette institution serait l'occasion idéale pour faire en sorte qu'elle soit au service de la population et non pas, à celui d'une idéologie de parti. Premièrement, il faudrait créer des postes de sénateurs élus directement par la population. Ils n'auraient pas le droit de s'afficher pour un parti et la population devrait voter pour leurs idées. En plus de réviser les lois, ils auraient de nombreuses tâches en tant que lien entre la population et le gouvernement en place. Par exemple, ils pourraient être responsables de la télévision d'État, de mettre en place des organismes et des activités de consultation publique, et de prendre la responsabilité de la vérification générale. En effet, un sénat non affilié à des partis serait mieux placé pour superviser le travail du vérificateur général. Aussi, les sénateurs pourraient s'occuper de proposer aux gouvernements des idées de lois qui leur seraient soumises par la population lors de consultations publiques. Enfin, afin d'assurer une bonne représentativité, chaque province devrait élire au moins un sénateur. Ainsi, le Sénat deviendrait l'outil du peuple afin de se faire entendre.

En conclusion, ce qu'il faut retenir de mon texte, c'est que la démocratie est avant tout basée sur une participation directe du peuple. Quand le cynisme et le désintéressement politique gagnent la population, c'est le fondement même de la démocratie qui disparaît. Mes idées visaient surtout à vous faire prendre conscience que même si nous élisons des représentants pour nous diriger, une bonne démocratie se fonde sur un travail réciproque et efficace entre une population et son gouvernement. Maintenant que vous avez fini la lecture de ce texte, repensez à cette phrase célèbre du président John F. Kennedy : « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour lui! ».

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